Clair Juilliet

Sujet

Thèse en histoire : Une histoire sociale des travailleurs de l’aéronautique toulousaine de la fin des années 1940 à la fin des années 1990 sous la direction de Jean-Marc Olivier

Axes de recherche

- histoire économique et sociale
- histoire de Midi-Pyrénées et de la Haute-Garonne
- histoire aéronautique
- régulation, conflits et consensus sociaux
- histoire du syndicalisme
 

Présentation de la thèse

Mon mémoire de master II était intitulé Défis industriels et mouvements sociaux en Haute-Garonne (1967-1978). Il s’agissait, en combinant approche chronologique et approche thématique, de mener une réflexion approfondie sur l’évolution économique et sociale de la Haute-Garonne entre 1967 et 1978. Je souhaitais aussi observer les répercussions de « mai-juin 1968 » à court et moyen termes pour les acteurs de la vie haut-garonnaise, au premier rang desquels les ouvriers et les entreprises de plusieurs secteurs industriels (textile, électronique/informatique, BTP, chimie, papier-carton). L’aéronautique y tenait une place privilégiée de par son importance pour l’économie départementale et régionale.
 
Débuté en 2012, mon doctorat s’intitule Une histoire sociale des travailleurs de l’aéronautique toulousaine (fin des années 1940-fin des années 1980). En effet, il semble que les questions liées au travail et aux relations sociales restent très en retrait dans les études des universitaires. Ceux-ci ont mené de nombreuses recherches sur l’histoire des pionniers, des pilotes et des entrepreneurs. Ils ont aussi beaucoup écrit sur les caractéristiques techniques des appareils et les innovations, sur les politiques économiques et les enjeux stratégiques, sur l’intervention de l’État à la fois client et donneur d’ordre ou encore sur l’implantation et l’ancrage territorial des entreprises. Mais les connaissances sur les phénomènes sociaux à l’œuvre dans l’aéronautique et les dynamiques qu’ils suscitent restent limitées, se situant à la charnière entre l’imprécision, les erreurs d’appréciation et le rejet dans l’anecdote. Il est donc désormais essentiel de s’intéresser, notamment au moyen d’une micro-histoire socioéconomique, aux conditions de vie et de travail, à la régulation sociale (conflits et consensus sociaux), à l’histoire des acteurs (salariés, syndicalistes, politiques...), à l’évolution du travail (techniques, savoir-faire et transmission, formation, qualifications, passage des « cols bleus » aux « cols blancs »), au développement de la sous-traitance, à l’éclatement des statuts et des solidarités ou encore à la vie hors travail et aux liens tissés entre l’aéronautique et la région toulousaine.

L’importance des rapports, formels et informels, entre les divers protagonistes est une donnée majeure à prendre en compte dans le traitement du sujet. Les phénomènes sociaux prennent corps au sein de « réseaux de relations entre des personnes ou des collectifs [et] forment une structure fondamentale de la vie sociale qui interagit en permanence avec des dispositifs matériels et des règles ou normes qui permettent d’interagir et de se coordonner [projet Labex SMS, p. 11] ». Il est donc nécessaire de considérer l’ensemble des intervenants et des facteurs qui prennent part aux process de production, même si leur participation est parfois indirecte et voilée, notamment par des conventions idéologiques qui masquent la réalité. Par exemple, « le cadrage politique effectué par les gouvernants (...) constitue une donnée essentielle autant par les comportements qu’il impulse que par les résistances individuelles et collectives à l’origine desquelles il se trouve. Il en résulte [qu’il] est de plus en plus négocié et engendre des tensions entre acteurs collectifs et individus dans la production de l’organisation [Ibid., p. 12] ». C’est seulement par le biais d’interrogations croisées que l’on sera à même, par exemple, de faire ressortir le rôle joué par les élus locaux ou par les différents syndicats de salariés dans le développement du pôle aéronautique toulousain.

En définitive, j’aspire à contribuer utilement, au travers de l’analyse des continuités et des ruptures, des mutations et des évolutions, à l’histoire sociale des entreprises telle que l’a définie Michel Pigenet : « Faire l’histoire sociale de l’entreprise revient à envisager cette dernière sous l’angle des coopérations, tensions et antagonismes qui s’y forgent, en sa qualité de creuset d’une histoire partagée de pratiques, de résultats, de valeurs, de cultures et d’identités. »