Morgane Delmas

Thèse en sociologie

Soutenue le 28 septembre 2020


La dyspraxie contre l'odre scolaire ? : une enquête sociologique sur les implications scolaires d'un diagnostic neurocognitif sous la direction de François Sicot et de Sandrine Garcia.

Résumé

Les Troubles spécifiques des apprentissages (regroupant la galaxie de « dys » et le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) offrent une lecture nouvelle de l'enfance en difficulté scolaire. En définissant les écarts de comportements et de performances à la norme scolaire comme des conséquences de spécificités cognitives, ces diagnostics médico-psychologiques font concurrence aux grilles de lecture psychosociologisantes jusqu’alors dominantes de l’échec scolaire, en termes de troubles relationnels ou de handicap socioculturel.

Un des enjeux principaux de la thèse est de saisir l’impact de cette nouvelle expertise neurocognitive sur les trajectoires scolaires des enfants concernés et sur le traitement plus général des publics en difficulté scolaire. A ces diagnostics, parfois reconnus administrativement comme des handicaps, sont associés des dispositifs de prise en charge originaux mêlant deux approches : d’un côté une logique de maximisation des compétences de l’enfant, au moyen de rééducations fonctionnelles réalisées en dehors de l’école par des auxiliaires de santé, et de l’autre une logique compensatoire avec un aménagement des conditions de scolarisation en milieu ordinaire (allègement de tâche, aide humaine et technique), de sorte que l’enfant soit peu confronté à ses difficultés.

A travers l’exemple de la dyspraxie, cette recherche propose une enquête empirique sur ces dispositifs récents et méconnus, en explorant les conditions de leur élaboration ainsi que la division du travail (notamment pédagogique) qu’ils engagent entre enseignants, spécialistes médico-psychologiques et familles.
 
  • Comment cette expertise est-elle devenue disponible historiquement, et par quelles voies ?
  • Comment se fait le choix du diagnostic en contexte concurrentiel, et comment se négocient les conditions de scolarisation des enfants quand les dispositifs impliquent une redéfinition des rôles et places de chacun ?

Davantage qu’une médicalisation des difficultés scolaires, l’enquête montre que c’est une scolarisation de certains métiers de la santé qui se joue, ainsi qu’un processus de privatisation d’un service scolaire (l’activité de remédiation) qui semble complexifier les inégalités sociales face à l’école.
Texte extrait de la thèse

Publication de thèse